jeudi 30 mars 2017

Défilé FMBB 2016 : Part 1.

 
Que représente le Championnat FMBB pour « nous » Français ?
C’est une consécration, car nous pouvons représenter notre pays et officier dans une discipline homologuée avec un titre à la clé. La Fédération Mondiale du Berger Belge est aujourd’hui exponentielle, chaque année : il y’a plus de nations, plus de participants et un engouement croissant. C’est une machine qui ne s’arrête jamais, elle ne fait que progresser.
Mais elle n’est réservée qu’aux Bergers Belges ?
Oui, exclusivement, mais comme le Berger Belge demeure le meilleur au niveau mondial, la logique est respectée. En clair, vous êtes face à un championnat du monde regroupant le Top des dresseurs, les plus grandes disciplines et des chiens extraordinaires. D’ailleurs, vous retrouvez les mêmes équipes dans l’ensemble des championnats, puisque le Berger Belge remporte quasiment tous les titres.
 
 
 
L’idée est récente ?
Vous voulez dire, l’idée de ne faire concourir que des Bergers Belges en une seule concentration ?
Oui, c’est bien ça. Avouez que c’est étonnant ?
Pas tant que ça. Si nous remontons dans l’historique, il existe une nationale d’élevage qui intègre « exposition + concours de dressage » orchestrée par le CFCBB depuis 1985. Cette N-E a d’ailleurs donné une base d’idée à nos confrères. Puis, elle s’est agrandie avec les nouvelles disciplines, puisqu’en 1987 d’autres programmes vont se mettre en place. Voilà comment sont arrivés le Mondioring, l’Agility et ainsi de suite. Actuellement, nous avons une N-E époustouflante, elle se déroule sur plusieurs jours et regroupe "des passionnés" du Ring Français au travail sur mouton, il faut voir ça… c’est énorme ! 
 
 
 
Et donc, il n’y’a que des Bergers Belges ?
(éclat de rires)… je sais que ça parait dingue, mais oui ; il n’y a que des Bergers Belges. Mais, si vous prenez la Belgique par exemple, les concours exclusivement Bergers Belges ont toujours existé. Si vous allez au Verbond, c’est encore plus restrictif puisqu’il n’y a que des Malinois. Cependant, la grande difficulté réside dans le fait « de fédérer tous les Cynos pour un titre Mondial », car pour ça, il faut une homologation.
En effet, c’est plus compliqué ?
Dans un premier temps, il faut que la discipline soit reconnue par la FCI. Ce qui est le cas du RCI & du Mondioring, mais pas du Ring Français ou Belge. 
 
Il n’existe pas de championnat du Monde de Ring Français & Belge ?
Non malheureusement et nous pourrions ajouter la Hollande. Force est de reconnaitre qu’en Belgique, c’est plus compliqué. Pour faire court, ils ont plusieurs Fédérations dont : le Kennel, le NVBK et la St Hubert. Il faudrait une réunification, mais pour le Verbond, comment dire… c’est un programme à part et qui plus est, c’est un programme exceptionnel ! Il faudrait donc s’aligner sur lui et la démarche autant sportive qu’administrative serait très compliquée. Pour nous Français, nous n'avons pas ce problème de fédération, c’est donc beaucoup plus simple. D’ailleurs, il existe une rencontre mondiale, qui se nomme Coupe Intercontinentale de Ring Français. De ce fait, nous pouvons « presque » évoquer un championnat Mondial, puisque notre Ring est non seulement apprécié, mais pratiqué dans de nombreux pays.  
 

 
Le niveau est solide ?
Oh que oui, les pays qui pratiquent notre disciple sont devenues d’excellents concurrents. Il ne s’agit plus d’une démonstration Française, mais bien d’une compétition avec des Ringueurs qui maitrisent vraiment notre discipline. Ce qui est intéressant, c’est que certains adeptes de notre Ring sont également de formidables pratiquants Free-style. Nous les retrouvons également en Mondioring et comme les aficionados de Mondio Français sont aussi des Ringueurs dans l’âme, la dynamique s’accentue.
En effet, c’est impressionnant ?
C’est d’autant plus impressionnant, que si je prends à témoin l’équipe de France de Mondioring. Ils ont pratiquement tous étaient au moins en sélectifs, si ce n’est avec leur Belge du moment, ils y’étaient avec celui d’avant. Croyez-moi, leur niveau est prodigieux ! 
 
 
 
 
Les Français sont très fiers de leur Ring, en France c’est une institution non ?
C’est l’école, l’ensemble de la Cynophilie Française est passé par le Ring. Je vois souvent des pratiquants de diverses disciplines travailler dans les clubs et que ça soit en Agility, en Campagne, en RCI ou autre… de nombreuses méthodes sont puisées à l’intérieur de notre Ring. Nous avons cette culture en nous, c’est juste que certain(e)s Français(e) travaillent leur programme sans le savoir. 

Défilé FMBB 2016 : Part 2.

 
Pourtant, vous êtes souvent sur des remises en question avec le Ring. Les exercices, les sélectifs et aujourd’hui avec le travail sous de haute chaleur ?
Je pense que « toute remise en question » est une bonne chose, car si l’on analyse chaque situation : c’est la façon de regarder le Ring qui est remise en question, pas la discipline. Pourquoi ? Parce que la discipline… elle très bien comme elle est ! Il faut juste l’adapter à notre époque et du coup, l’organisation d’une finale sous une forte chaleur devait un jour ou l’autre refaire surface.



 
Depuis quand travaillez-vous sur le dossier ?
A titre personnel, depuis 2009 lors de la Finale de Brive. A cette époque, j’étais sur le terrain avec mon ami J-J Baltzinger (créateur du Site Chienplus) et nous avions remarqué que certains compétiteurs avaient du mal à boucler le parcours. A leur décharge, dans l’après-midi, une chaleur pesante, voire étouffante s’était abattue sur le stade. Nous étions là à prendre des photos… tout en nous mettant à l’abri le plus rapidement possible, la moindre parcelle d’ombre faisant l’affaire. Puis au fil de la journée, nous avons commencé à évoquer le fait : qu’avec ce type de grosse chaleur, il fallait être particulièrement vigilant.
Ce qui est le cas sur chaque concours en été ?
Vous avez absolument raison, les organisateurs sont très vigilants et d’ailleurs, les remarques « sur le fait de faire travailler des chiens par cette température » venaient de personnes pas spécialement férues de travail en milieu sportif. Sauf que nous vivons dans un drôle de monde et certains citoyens, plutôt que d’applaudir une performance sont plutôt du genre à attendre un problème et se focaliser là-dessus. Alors par jalousie ou par bêtise ? Honnêtement je n’en sais rien, vous savez… j’ai tellement entendu d’âneries qu’au jour d’aujourd’hui, je ne perds même plus mon temps à essayer d’expliquer quoi que ce soit à quelqu’un qui refuse de comprendre.



 
Des âneries, c’est-à-dire ?
Alors dans les plus classiques : un chien de travail n’a qu’un seul Maître, les chiens détecteurs de drogue sont drogués, les Malinois sont les meilleurs en Ring parce que la discipline fut orientée pour eux, etc. la liste est aussi longue que stupide…
Comment expliquez-vous qu’en 2017, nous en soyons encore là ?
C’est une bonne question, qui mérite une sage réflexion. Soit, nous nous expliquons mal. Soit, on ne nous écoute pas et c'est fort dommage, car nous avons des disciplines magnifiques, des chiens extraordinaires et en retour, bien peu de reconnaissance. Les médias nous ignorent totalement, nous attendons qu’un Messie relance une revue cynophile et hors-mis les Clubs de race, il est difficile d’avoir des infos. En clair, sans Internet qui parlerait de Cynophilie de travail ? Ce constat est étrange, car à contrario, il y’a de plus en plus d’adeptes et donc, de naissances.





C’est vrai, qu’il y’a un engouement massif et surtout dirigé vers le Malinois de travail. Comment expliquez-vous cela ?
En termes de croissance, nous pouvons l’expliquer facilement. Déjà, il faut savoir que de nombreux Bergers Belges ont péri pendant les guerres, si le cheptel avait pu s’étoffer normalement, nous n’aurions jamais eu une telle différence avec les autres races. Ensuite, il y’a les disciplines et leur fonction… n’oublions pas qu’en Europe, il existe des disciplines non-affiliées à la FCI (où le Malinois excelle) et de ce fait, il a fallu regrouper tout ça. Le Berger Belge et surtout notre poil court, s’avère un chien très complexe, qu’il faut connaître parfaitement pour en saisir ses particularités. Fort heureusement, il y’a de plus en plus de Cynophiles (sur la planète) qui s’intéressent à cette évolution et c’est très bien, car lorsque nous sommes devant un fait nouveau (en l’occurrence, cet engouement massif pour le Malinois), nous devons réfléchir et nous poser les bonnes questions. Celles-ci devront bien évidement déboucher sur une résolution, car il nous faut déterminer en quels termes, une motion doit servir la cynophilie : En termes de sport, de sélection canine ou les deux ? Là encore, la barrière est mince, voilà pourquoi nos réflexions doivent être collectives.
 
La moindre décision doit être collective ?
Oui, car qui que vous soyez… vous pouvez vous tromper et votre travail « même le plus honnête possible » dépend surtout de votre avis. Voilà pourquoi une application collective est souhaitable.  Je vais prendre un exemple : à l’heure actuelle, il y’a un problème récurrent sur le fait de faire travailler un chien sous de forte chaleur. Ce problème, je l’ai analysé de fond en comble, j’ai d’ailleurs offert ma conclusion au CFCBB et au GTR. Cependant, lorsque j’ai commencé à plancher sur divers projets, j’ai toujours gardé à l’esprit que mes propositions pouvaient être interprétées de différentes façons. De ce fait, pour éviter toute ambiguïté ou tout parti-pris, je n’ai pris qu’une référence : l’historique. C’est-à-dire, comment les précurseurs ont voulu le Ring, pourquoi ils ont appuyé la sélection dans tel domaine et en conclusion, que faut-il conserver des idées de base ? Suite à cela, j’ai pu délivrer un rapport en structurant mon avis avec une double référence « l’évolution & l’historique ».  



Vous pratiquez toujours de la sorte ?
La plupart du temps « oui ». D’abord, j’analyse la situation par rapport à mon avis. Plus exactement par rapport à mon instinct de Cynophile, puis je lis et relis le maximum de vieux livres, de très anciens articles, des correspondances, d’anciens règlements, je reprends mes vieilles notes, etc… si mon avis concorde avec les enseignements de jadis, je commence à travailler sur un explicatif. Tout problème a une solution sur le plan explicatif, pourquoi ? Parce que toutes les références sélectives sont expliquées quelque part, il suffit de les chercher, de les trouver, de les lire et de les comprendre. Ensuite, il faut les « repenser » en gardant à l’esprit que le climat de 1960 n’est pas celui de 2017. Enfin, être capable de les synthétiser et d’en transmettre les conclusions.  



mercredi 29 mars 2017

Défilé FMBB 2016 : Part 3.

 
Sur ce sujet, je me rappelle d’une de vos interventions sur le CSAU où vous étiez en désaccord total avec l’ensemble de la profession ?
Non, pas avec l’ensemble de la profession. J’étais en désaccord avec le principe du CSAU et surtout, comment allait-il être orchestré. Pour être totalement clair : c’est la mise en place de l’ordonnance qui m’inquiétait ? D’ailleurs, je pense encore aujourd’hui ; que le CSAU aurait dû être présenté comme une démarche personnelle, voire une proposition par race et non comme une formule imposée.
Vous voulez dire ; un CSAU différent ?
Dans la mesure où un molosse s'avère différent d'un Berger : oui et j’insiste sur ce point, car pour mémoire (à sa création), nous étions séparés en 3 mouvements. Il y’avait les « pour » qui se sont dit avec le CSAU, on va enfin, nous laisser tranquille. Il y’avait comme d’habitude, ceux qui suivent sans se mouiller et puis, il y’avait les autres « ceux qui réfléchissent » sur le long terme. En résumé, lorsque l’on m’a parlé du CSAU, ma première réflexion fut la suivante : les personnes qui ont mis en place le projet, n’ont pas la moindre idée de ce qu’est un Malinois.
 

Vous pouvez développer ?
Comme je le répète sans cesse : le Malinois est une variété de Berger Belge très complexe. Il est aujourd’hui « l’étalon phare » de la cynophilie de caractère, pourquoi ? Parce qu’il regroupe dans cette même variété, une foule de caractéristiques qui s’associe à des différences physiques et caractérielles. Le Malinois a été sélectionné sous forme de famille, puis travailler et retravailler pour nous donner « LE » chien d’utilisation idéal.


 
Premièrement, les particularités vont se noter selon l’élevage et donc le type d’Etalons sollicités, exemple : un mariage « Cartouche/Grobber » n’a rien à voir avec un « Rusky/Flap » et je dirai même, pour que vous compreniez bien les nuances, que ces deux mariages n’ont rien à voir avec une union « Cartouche/Flap », c’est dire… voyez-vous, selon les décisions de l’éleveur « sa famille » peut prendre une direction très différente tant caractérielle que morphologique.


 
Ce qui m’amène au deuxièmement, car les passionnés de Malinois ont bien entendu analysé (caractériellement & physiquement) l’ensemble des étalons reconnus. Ils en ont tiré des graphiques, des définitions et des conclusions.


 
A titre d’exemple, voici quelques remémorations d’époque : On savait que les axes Blondeau (également certains Van de Oewas & Van de Molenbeek) apportaient « rudesse, ténacité & fond ». On savait que les axes Rusky comme Debber apportaient une maniabilité conjuguée d’un côté réactif & travailleur. A un point tel : que certains éleveurs affirmaient que l’étonnante disponibilité du Malinois fut puisée dans les 2 lignages.

 
On savait que les axes Arat, Grobber apportaient puissance, stabilité & force. D’ailleurs, les anciens ne voulaient jamais dissocier Arat dans leurs unions, prétextant qu’il avait un formidable potentiel mordant et qu’il accentuait la vaillance.


 
On savait que les Flap apportaient : influx, vitesse, mais également une légère sensibilité sur le Maître, ce qui dans les mains d’un expert, pouvait aiguiser le sens récitatif de ce type de Malinois, jusqu’à ciseler les exercices au maximum du pointage.

 
L’union de nos « Malinois types » a donc formé des lignées, puis des familles. A l’intérieur de ses familles, d’autres étalons se sont affirmés, etc. Je pourrais continuer en vous dressant une liste sur plusieurs pages, tant nos grands étalons ont tous apporté leur pierre à l’édifice ! D’ailleurs, cette idée a perduré dans son aspect global, car si vous prenez des unions classiques, vous noterez que l’on mentionne toujours en premier « l’étalon ». Savez-vous pourquoi ?